samedi 27 janvier 2018

Aucun écrivain (entre autres) ne mérite d'être célébré.

Ces polémiques récurrentes (sous le lien c'est faut-il célébrer Maurras, comme il y a quelque temps faut-il célébrer Céline) ne sont intéressantes qu'en ce qu'elles disent du rapport religieux que le public entretient avec la littérature (comme avec le football ou la politique, d'ailleurs, même combat). Car enfin, quel sens cela peut-il bien avoir, de fêter la date anniversaire de la naissance ou de la mort d'un écrivain ? La réponse à ces questions devrait s'imposer d'évidence : bien sûr que non, il ne faut célébrer ni Maurras ni Céline, mais Camus pas davantage. Ni même Proust. Personne. Aucune personne ne mérite d'être célébrée. On devrait avoir dépassé l'âge de l'idolâtrie. En revanche, on peut, pourquoi pas, rendre hommage à une œuvre, quand elle le mérite – car toute grande œuvre dépasse son auteur, qui n'est jamais, à lui seul, l'auteur de l'œuvre ; toute œuvre est l'œuvre de l'humanité entière par le truchement de son auteur. Et pour la littérature, si l'on tient à fêter des anniversaires, il se trouve que chaque livre est pourvu d'une date de parution. Fêter la naissance de l'auteur des Beaux Draps, sûrement pas ; mais fêter l'anniversaire de la parution de Voyage au bout de la nuit, pourquoi pas ? Et comme on ne va non plus multiplier les anniversaires, on en viendrait alors à se demander si, pour Camus, il vaut mieux par exemple célébrer l'anniversaire de l'Etranger ou de la Chute, considérant a posteriori que la Peste, finalement, c'est quand même assez laborieux par rapport au reste de son œuvre – au moins comme ça on en reviendrait à parler un peu de littérature.

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