mercredi 9 décembre 2015

Liev avant Pas Liev (3)



C’est la suite d’hier (et d’avant-hier, hein). Ce n’est toujours pas Pas Liev. Il faut d’abord que Liev s’échauffe encore un peu.


Il ne s’est plus rien passé, pendant un certain temps. De temps en temps, Liev se retournait vers la porte au fond de la salle. Il n’y avait personne qui entrait. C’était une porte à deux battants, avec deux ronds de verre sombre.
Enfin quelqu’un est entré. Liev s’est retourné, il avait entendu la porte : elle grinçait un peu. Ça s’entendait dans le silence. C’était un homme âgé qui s’est assis tout à côté de la porte. A ce moment-là seulement, Liev a regretté de na pas être allé aux toilettes plus tôt, à cause de sa valise. Il est resté assis.
Quand la lumière de nouveau s’est éteinte, personne d’autre n’était entré dans la salle. Liev n’était pas allé aux toilettes. Le rideau s’est ouvert, et Liev a lu le mot « civette » qui parmi d’autres s’affichait sur l’écran. Puis il a vu un animal qu’il n’aurait pas pu nommer. C’était un documentaire animalier. Liev a regardé derrière lui, mais dans le noir il ne pouvait pas voir si le vieil homme était toujours à côté de la porte. D’ailleurs il ne voyait même pas la porte : il ne voyait que deux ronds bleus, qui laissaient à peine filtrer la lumière du dehors.
Le documentaire a été vite terminé. Dans un éclairage incomplet, il y a eu encore quelques réclames. Très vite, c’est du moins l’impression qu’en a eue Liev, la lumière s’est éteinte de nouveau complètement, le rideau s’est ouvert un peu plus largement et le titre du film est apparu : c’était le même que dehors sur l’affiche. D’ailleurs Liev a reconnu la veste d’un des acteurs, c’était la même que tout à l’heure : c’était bien le même film. Immanquablement, à un moment, on verrait à l’écran les mêmes images que tout à l’heure. Liev regardait de tous ses yeux.
Longtemps, les images n’ont pas été les mêmes que tout à l’heure. Par moment, on pouvait croire que ça y était, qu’elles allaient arriver, et puis non, on passait à autre chose. C’était peut-être une autre version. Peut-être l’histoire avait-elle bifurqué, à un carrefour. Il y a des carrefours, dans les histoires, et la plupart du temps ils ne sont pas signalés. Et puis les images enfin ont été les mêmes. Liev est resté immobile, légèrement contracté, le temps de se faire une certitude. Il avait connu trop de déceptions. Puis il s’est détendu, il s’est levé, il a tâtonné pour retrouver sa valise dans l’obscurité et il a remonté l’allée centrale en direction des deux ronds bleus, au fond de la salle.


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